SOLO ANDATA

de Erri de Luca

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Mise en scène et musique

THOMAS BELLORINI

"Un très beau travail, sensible et sans faiblesse, à hauteur de l’ambition et de l’humanité d’Erri de Luca, de son courage intellectuel et physique, qui est restitué et touche profondément."

Armelle Héliot

Traduction de
Danièle Valin
Collection du monde entier, Gallimard

Dramaturgie
Hugo Henner

Avec

Roberto Jean, jeu
Gülay Hacer Toruk, chant
Sevan Manoukian, chant
Zsuzsanna Varkonyi, chant
Hélène Lequeux-Duchesne, violon
Mirana Tutuianu, alto
Caroline Peach, contrebasse
Stanislas Grimbert, vibraphone et percussions

Création Lumière
Romain Portolan

Son
Vincent Joinville

La création du spectacle a eu lieu le mardi 13 octobre 2020 au Bataclan.

 

Production :
Orchestre de chambre de Paris

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NOTE D’INTENTION

Solo andata signifie “aller simple” en italien. C’est le titre d’un long poème d’Erri de Luca, une mise en vers de l’odyssée infernale des migrants africains fuyant vers l’Europe.

D’abord errant de l’Afrique centrale jusqu’aux côtes du Maghreb, le poème s’étend et se densifie dans les jours et les nuits de la traversée en mer. Il se termine à l’arrivée du chœur des exilés à la frontière italienne, le dernier rempart et l’ultime refus.

Pour le raconter, le poète italien propose un chant polyphonique fait de déracinement, de terreur et d’espoir. Ne sacrifiant rien à la réalité cruelle de ces migrations, Erri de Luca choisit de donner à cet exil la grandeur de l’épopée, aux exilés le courage des héros.

Nous apportons avec nous Homère et Dante, l’aveugle et le pèlerin,
L’odeur que vous avez perdue, l’égalité que vous avez soumise.

D’abord initié par l’Orchestre de Chambre de Paris, ce projet s’est construit en réflexion autour de problématiques de médiation et de transmission. Il s’agissait de travailler avec des centres sociaux, et de créer une forme chorale autour de cette histoire.

Face aux impossibilités de création liées à la crise sanitaire, nous avons décidé de créer ce projet avec des artistes, de partager ce spectacle pour intervenir par la suite, avec cette nouvelle forme, auprès d’amateurs et d’apprenants, en les invitant à partager le travail poétique, théâtral et musical que nous avons mené.

Solo Andata s’inscrit donc, à la suite des spectacle A la périphérie, Le Dernier Voyage de Sindbad et Femme non rééducable, dans cette recherche que je mène depuis plusieurs années : questionner comment nos arts : la musique, la poésie, le théâtre… contribuent à éclairer ces tragédies humaines. Dénoncer, témoigner, et donner à voir, toujours, ce qui se cache réellement derrière des chiffres et des images qui, eux, ne nous disent plus rien.

NOTE DE MISE EN SCENE

Avec un trio à cordes de l’Orchestre de Chambre de Paris (violon, alto, contrebasse), habitué au répertoire de la musique savante, et une chanteuse lyrique, je souhaitais mêler le travail de deux chanteuses dont le répertoire s’ancre dans la musique traditionnelle. Il s’agissait de créer un pont autour des différents répertoires et des différentes cultures musicales, afin de recréer le chœur que ce poème nous invite à construire. Un vibraphone, travaillant sur l’amplification et la saturation, accompagne la narration musicale, et guide le récit.

Je voulais puiser dans différents répertoires traditionnels les chants et les musiques d’exil et d’errance, afin de prolonger la rencontre (violente) autour de laquelle le poème se construit. Que les espoirs et les souffrances d’autres peuples, d’autres temps, accompagnent cette traversée. Tout en gardant la singularité et l’actualité de cet exil, il était question pour moi que la musique, comme la langue d’Erri de Luca, vienne affirmer le caractère universel et sacré de ces vies sacrifiées.

Les musiciens et les chanteuses donnant à voir l’aspect choral de ce poème, le texte est tenu par un seul comédien, qui, dans un travail autour de la poésie et de la musicalité, se place comme le soliste, le coryphée du chœur antique, pour nous raconter cette histoire. C’est lui qui prend en charge la poésie d’Erri de Luca, et la parole que ce dernier donne aux exilés.

Prenant la forme de l’oratorio (une forme que j’explore depuis plusieurs spectacles) c’est le travail sur la langue, la musique, accompagné d’une réflexion autour du son et de la lumière, qui permet de construire une forme dense, épurée, à la fois simple et brutale, et qui permet de faire entendre, sans artifice et sans concession, la réalité tragique et actuelle de cette histoire.

De nos flancs naît votre nouveau monde,
Elle est nôtre la rupture des eaux, la montée du lait.